Dans une récente sortie médiatique, Carlos Yum, le directeur de Bureau de construction et de développement de l’aménagement hydroélectrique de Mphanda Nkuwa a indiqué que les travaux seront lancés en 2024. L’installation construite sur le fleuve Zambèze fonctionnera avec une centrale électricité dotée d’une capacité de 1 500 MW.
Du nouveau concernant le mégaprojet hydroélectrique de Mphanda Nkuwa au Mozambique. Lors d’une conférence de presse tenue récemment à Maputo, le directeur du Bureau de construction et de développement de Mphanda Nkuwa, Carlos Yum a fait savoir que la première pierre du projet sera posée en 2024. Les travaux devront durer ensuite sept ans, puisque le barrage sera rempli progressivement en saison de pluies.
Pour l’heure, les autorités mozambicaines se concentrent sur la mobilisation du financement nécessaire pour la construction des nouvelles installations sur le fleuve Zambèze, dans la province de Tete. Le projet nécessitera un investissement de 5 milliards de dollars, dont 70 % financés par des partenaires au développement. L’État mozambicain devrait apporter le reste du financement par l’intermédiaire de la compagnie publique Electricidade de Moçambique (EDM) et de Hydroelecrica de Cahora Bassa (HCB), l’entreprise qui exploite le barrage de Cahora Bassa (2 075 MW).
Une nouvelle étude d’impact environnemental et social
Le gouvernement mozambicain prévoit aussi de mener une nouvelle étude d’impact environnemental et social (EIES). « Nous avons constaté que les études faites il y a 20 ans par le gouvernement et les investisseurs ont été abandonnées au fur et à mesure de l’évolution du projet. Nous prévoyons une nouvelle étude sociale et environnementale, car la législation du pays a changé, et aussi parce que les exigences internationales sont désormais plus strictes », affirme Carlos Yum.
La construction du barrage et de la centrale hydroélectrique de Mphanda Nkuwa a été confiée à un consortium composé de trois entreprises. Il s’agit de l’entreprise brésilienne Camargo Corrêa, de la société mozambicaine Insitec et d’EDM, la compagnie qui assure le service public de l’électricité au Mozambique.
Un projet ambitieux, mais controversé
Le futur barrage sera construit sur le fleuve Zambèze, dans le district de Changara, à environ 70 km au nord-est de la ville de Tete et à 61 km au sud-est du barrage de Cahora Bassa qui dispose d’une puissance de 2 075 MW. Le barrage de Mphanda Nkuwa sera réalisé en béton comprimé et mesurera 90 m de haut sur 700 m de long. Son réservoir couvrira une superficie de 100 km2. L’eau du barrage fera tourner des turbines qui seront capables de délivrer une puissance de 1 500 MW. Pour ce qui est de l’entreprise-conseil, le gouvernement mozambicain a choisi un consortium formé de la société financière Synergy Consulting basée à Washington aux États-Unis et de la société d’ingénierie Worley Parsons, dont le siège se trouve à Sidney en Australie. Les deux sociétés travailleront également avec les cabinets juridiques Baker Mckenzie et HRA Advogados, respectivement d’origine américaine et mozambicaine.
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Cependant, le futur barrage aura un impact non négligeable sur l’environnement et les populations riveraines. La retenue d’eau influencera une fois de plus le débit du fleuve Zambèze qui supporte déjà plusieurs barrages et devrait en accueillir davantage avec la construction du barrage hydroélectrique de Batoka Gorge de 2 400 MW au Zimbabwe et en Zambie. La conséquence la plus directe est l’anéantissement des systèmes d’irrigations situés en aval du barrage. Ce bouleversement affectera l’aquaculture dans le delta du fleuve Zambèze. Pire encore, la retenue devrait déplacer 1 400 familles et impacter les moyens de subsistance de 200 000 personnes. L’Organisation des Nations unies (ONU) a marqué son désaccord vis-à-vis de ce projet en le qualifiant de « projet de grand barrage le moins acceptable sur le plan environnemental en Afrique ».
Jean Marie Takouleu